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- Les différences fondamentales entre terreau, compost et fumier
- Le terreau : le prêt-à-l’emploi du jardinage
- Le compost : l’or brun du jardinier écoresponsable
- Le fumier : la puissance fertilisante traditionnelle
- Quel amendement pour quel type de jardin ?
- Pour le potager : la combinaison gagnante
- Pour les massifs de fleurs : la légèreté avant tout
- Pour le verger : la patience récompensée
- Pour les cultures en pots et jardinières : le terreau s’impose
- Les erreurs à éviter selon votre sol
- Sur sol argileux lourd
- Sur sol sableux ou calcaire
- Sur terre de remblai ou sol pauvre
- Produire soi-même ses amendements : économique et écologique
- Fabriquer son compost
- Récupérer du fumier
- Créer son lombricompost
- Quand et comment appliquer ces amendements ?
- Calendrier d’application
- Méthodes d’application
- Faire les bons choix pour un jardin durable
Vous vous tenez là, au milieu des rayons de votre jardinerie, complètement perdu face aux dizaines de sacs d’amendements qui s’offrent à vous.
Terreau universel, compost, fumier de cheval, fumier de mouton… Comment s’y retrouver ? Et surtout, lequel choisir pour votre jardin ?
Ce choix n’est pas anodin, car le bon amendement peut transformer votre terre ingrate en paradis fertile, tandis que le mauvais peut ruiner tous vos efforts de jardinage.
La qualité du sol est la base de toute réussite au jardin. Mais tous les jardins ne sont pas égaux et n’ont pas les mêmes besoins. Un potager gourmand, des massifs de fleurs délicats, un verger productif ou des jardinières en terrasse nécessitent des approches différentes.
Les différences fondamentales entre terreau, compost et fumier
Avant de faire votre choix, il est essentiel de comprendre ce que sont exactement ces trois amendements et ce qui les différencie.
Le terreau : le prêt-à-l’emploi du jardinage
Le terreau est un substrat de culture fabriqué industriellement ou artisanalement. C’est un mélange équilibré, composé généralement de :
- Tourbe ou substituts de tourbe (écorces, fibres de coco)
- Compost végétal
- Éléments minéraux (sable, perlite, vermiculite)
- Fertilisants en proportions variables
Sa texture légère et aérée en fait un support idéal pour les semis et les plantations en pot. Le terreau a une structure stable qui retient bien l’eau tout en permettant un bon drainage. Les terreaux du commerce ont souvent des compositions adaptées à des usages spécifiques : semis, plantes d’intérieur, plantes acidophiles, etc.
Le pH du terreau est généralement neutre à légèrement acide (entre 5,5 et 7), ce qui convient à la majorité des plantes cultivées.
Le compost : l’or brun du jardinier écoresponsable
Le compost est le résultat de la décomposition de matières organiques (déchets de cuisine et de jardin) sous l’action de micro-organismes, en présence d’oxygène. Un bon compost mûr présente plusieurs caractéristiques :
- Couleur brune à noire
- Odeur agréable de sous-bois
- Structure grumeleuse
- Absence de résidus reconnaissables
Riche en humus, le compost améliore la structure du sol et stimule l’activité biologique. Il libère progressivement ses nutriments, ce qui en fait un excellent amendement de fond. Sa teneur en éléments nutritifs varie selon les matériaux d’origine, mais il contient généralement de l’azote, du phosphore et du potassium en quantités équilibrées.
Le compost maison a l’avantage d’être gratuit et de valoriser vos déchets organiques. Sa production prend entre 6 mois et 2 ans selon les conditions.
Le fumier : la puissance fertilisante traditionnelle
Le fumier est constitué d’excréments d’animaux mélangés à leur litière (paille, copeaux). Sa composition varie considérablement selon l’animal d’origine :
| Type de fumier | Caractéristiques | Usages recommandés |
|---|---|---|
| Cheval | Chaud, riche en azote, se décompose rapidement | Cultures gourmandes, sols froids et lourds |
| Bovin | Équilibré, décomposition moyenne | Usage général, bon pour la plupart des cultures |
| Mouton/Chèvre | Très concentré, riche en potasse | À utiliser avec parcimonie, bon pour les sols légers |
| Volaille | Très riche en azote et phosphore | À utiliser en petites quantités, idéal pour les cultures exigeantes |
Le fumier frais est trop « brûlant » pour être utilisé directement. Il doit être composté pendant 6 à 12 mois avant utilisation pour éviter de brûler les racines et de propager des maladies ou des graines d’adventices.
Le fumier bien décomposé est un amendement organique puissant qui améliore durablement la structure du sol tout en apportant une fertilisation progressive.
Quel amendement pour quel type de jardin ?
Maintenant que nous avons clarifié les différences entre ces trois amendements, voyons comment les utiliser selon votre type de jardin.
Pour le potager : la combinaison gagnante
Le potager est particulièrement exigeant en matière organique et en éléments nutritifs. Les légumes sont souvent des plantes gourmandes qui épuisent rapidement le sol.
Pour un potager productif, l’idéal est de combiner :
- Fumier bien décomposé : 2 à 3 kg/m² à l’automne, enfoui par un léger bêchage
- Compost : 3 à 5 cm en surface au printemps, légèrement incorporé aux premiers centimètres du sol
- Terreau : réservé aux semis et aux plantations spécifiques
Cette stratégie permet d’apporter à la fois une amélioration structurelle du sol (fumier), une nutrition équilibrée (compost) et un environnement favorable aux jeunes plants (terreau).
Pour les cultures très exigeantes comme les tomates, aubergines, courges ou choux, un apport supplémentaire de compost en cours de saison peut être bénéfique.
Pour les massifs de fleurs : la légèreté avant tout
Les plantes ornementales ont des besoins différents des légumes. Elles apprécient généralement un sol bien drainé et modérément fertile.
Pour vos massifs de fleurs, privilégiez :
- Compost bien mûr : 2 à 3 cm en surface, incorporé légèrement
- Terreau spécial plantes fleuries : lors de la plantation
Le fumier est moins adapté aux massifs ornementaux, sauf s’il est très bien décomposé et utilisé en petites quantités. Un excès de fumier peut favoriser le développement du feuillage au détriment de la floraison.
Pour les vivaces et arbustes d’ornement, un paillage annuel de compost suffit généralement à maintenir la fertilité du sol et à limiter les arrosages.
Pour le verger : la patience récompensée
Les arbres fruitiers sont des cultures pérennes qui ont besoin d’une nutrition régulière mais modérée. Un excès d’azote peut nuire à la qualité des fruits et à la résistance aux maladies.
Pour un verger productif et sain :
- Fumier bien décomposé : 5 kg/m² tous les 2-3 ans en automne-hiver
- Compost : 3 cm en paillage annuel au printemps, sans l’incorporer
Le terreau n’est utile qu’au moment de la plantation, mélangé à la terre du trou de plantation pour favoriser la reprise.
Pour les arbres fruitiers à noyaux (pêchers, cerisiers), qui sont sensibles à l’excès d’azote, préférez un compost bien mûr au fumier.
Pour les cultures en pots et jardinières : le terreau s’impose
Pour les cultures hors-sol, le terreau est incontournable. C’est le seul amendement conçu pour être utilisé pur comme substrat de culture.
Choisissez :
- Terreau universel de qualité pour la majorité des plantes
- Terreau spécifique pour les plantes aux besoins particuliers (plantes méditerranéennes, plantes de terre de bruyère)
Le compost peut être incorporé au terreau (20% maximum) pour enrichir les jardinières, mais il ne doit jamais être utilisé pur en pot.
Le fumier, même bien décomposé, est à éviter en culture en pot car il est trop concentré et risque de brûler les racines dans un volume restreint.
Les erreurs à éviter selon votre sol
Le choix de l’amendement doit aussi tenir compte de la nature de votre sol de départ.
Sur sol argileux lourd
Les sols argileux sont naturellement riches en éléments nutritifs mais souffrent d’un manque d’aération et de drainage.
- À privilégier : fumier de cheval bien décomposé, compost à base de déchets ligneux (broyat de branches)
- À éviter : terreau pur qui risque de former une couche imperméable
L’objectif sur sol argileux est d’alléger la structure. Le fumier de cheval, riche en paille, est particulièrement efficace pour cela.
Sur sol sableux ou calcaire
Les sols sableux ou calcaires manquent souvent de matière organique et ont du mal à retenir l’eau et les nutriments.
- À privilégier : compost riche, fumier de bovin bien décomposé
- À éviter : fumiers trop « chauds » qui risquent de brûler les racines dans ces sols à faible pouvoir tampon
Sur ces sols, l’apport de matière organique doit être plus fréquent mais en couches moins épaisses pour éviter le lessivage des nutriments.
Sur terre de remblai ou sol pauvre
Les terres de remblai ou les sols très pauvres nécessitent une amélioration en profondeur.
- À privilégier : mélange de terreau, compost et fumier bien décomposé
- À éviter : amendements uniques qui ne résoudront pas tous les problèmes
Dans ce cas, une stratégie progressive sur plusieurs années est nécessaire, en commençant par des cultures peu exigeantes et en améliorant progressivement la structure et la fertilité du sol.
Produire soi-même ses amendements : économique et écologique
Pour le jardinier motivé, produire ses propres amendements présente de nombreux avantages : économies, valorisation des déchets, qualité contrôlée.
Fabriquer son compost
Le compostage domestique est accessible à tous, même avec un petit jardin. Quelques règles de base pour réussir :
- Équilibrer les matières vertes (azotées) et brunes (carbonées)
- Maintenir une humidité comparable à celle d’une éponge essorée
- Retourner régulièrement pour aérer
- Être patient : un bon compost met 6 à 12 mois à mûrir
Un composteur de 400 litres suffit pour un jardin familial moyen. Placez-le dans un endroit mi-ombragé, accessible toute l’année.
Récupérer du fumier
Si vous n’avez pas d’animaux, vous pouvez souvent obtenir du fumier gratuitement auprès :
- Des centres équestres
- Des éleveurs locaux
- Des fermes pédagogiques
Le fumier frais doit être composté avant utilisation. Formez un tas d’au moins 1 m³, couvrez-le d’une bâche perméable et retournez-le 2-3 fois pendant sa maturation (6-12 mois).
Créer son lombricompost
Pour les jardiniers urbains sans jardin, le lombricompostage permet de transformer les déchets de cuisine en un amendement de haute qualité. Un lombricomposteur bien géré ne dégage pas d’odeur et peut trouver sa place sur un balcon ou même en intérieur.
Le lombricompost est particulièrement riche en éléments nutritifs et en micro-organismes bénéfiques. Il s’utilise principalement :
- En incorporation dans le terreau de rempotage (10-20%)
- En « thé de compost » pour arroser les plantes (dilué à 10%)
Quand et comment appliquer ces amendements ?
Le moment et la méthode d’application sont aussi importants que le choix de l’amendement lui-même.
Calendrier d’application
- Automne : période idéale pour l’apport de fumier et de compost non mûr, qui auront le temps de se décomposer pendant l’hiver
- Fin d’hiver/début de printemps : application de compost mûr en préparation des cultures
- Printemps/été : utilisation de terreau pour les plantations et de compost en paillage
Méthodes d’application
Pour le fumier :
- Épandre en couche de 2-5 cm
- Incorporer légèrement aux 10-15 premiers centimètres du sol
- Laisser reposer 2-3 semaines avant de planter
Pour le compost :
- En amendement de fond : incorporer 3-5 cm aux 10 premiers centimètres du sol
- En paillage : déposer 2-3 cm en surface sans incorporer
- En plantation : mélanger au tiers avec la terre du trou
Pour le terreau :
- En semis : utiliser pur
- En plantation : mélanger à parts égales avec la terre du jardin
- En pot : utiliser pur ou mélangé à 10-20% de compost
Quelle que soit la méthode choisie, évitez d’enfouir profondément la matière organique. Les micro-organismes responsables de sa décomposition ont besoin d’oxygène et sont plus actifs dans les couches superficielles du sol.
Faire les bons choix pour un jardin durable
Il n’existe pas d’amendement parfait qui conviendrait à toutes les situations. Le bon jardinier est celui qui sait adapter ses pratiques aux besoins spécifiques de son sol et de ses cultures.
Pour un jardin vraiment durable, l’idéal est de combiner différentes approches :
- Produire son propre compost pour valoriser les déchets du jardin
- Utiliser du fumier bien décomposé pour les cultures gourmandes
- Réserver le terreau aux usages spécifiques (semis, plantations délicates)
- Pratiquer la rotation des cultures au potager pour équilibrer les prélèvements
- Utiliser des engrais verts en complément pour structurer et nourrir le sol
En observant attentivement votre jardin, vous apprendrez à reconnaître ses besoins spécifiques et à y répondre de façon appropriée. N’hésitez pas à expérimenter différentes combinaisons d’amendements sur de petites parcelles pour trouver ce qui fonctionne le mieux chez vous.
Rappelez-vous que le jardinage est un processus d’amélioration continue : chaque saison vous permet d’affiner vos pratiques pour un jardin toujours plus fertile et productif, en harmonie avec la nature.