Potager : cette technique millénaire refait surface, pourquoi les jardiniers enterrent-ils des pots en terre cuite ?

0
Afficher Masquer le sommaire

L’été arrive et avec lui son lot de corvées au potager.

Entre les arrosages quotidiens et la crainte de voir ses légumes flétrir pendant les vacances, le jardinier amateur se retrouve souvent esclave de son petit coin de verdure.

Mais saviez-vous qu’une technique millénaire, simple et économique, pourrait vous faciliter grandement la vie?

Les oyas (ou ollas), ces pots en terre cuite enterrés près des plantes, représentent une solution d’irrigation souterraine étonnamment efficace et pourtant méconnue en France.

Les oyas : une technique d’irrigation vieille comme le monde

Les archéologues ont retrouvé des traces de cette technique d’irrigation dans plusieurs civilisations anciennes, notamment en Chine il y a plus de 4000 ans, mais aussi chez les Romains et dans l’Espagne mauresque. En Amérique latine, particulièrement au Mexique, cette méthode s’est perpétuée à travers les siècles sous le nom d' »ollas » (prononcer « oyas »).

Le principe est d’une simplicité désarmante : un récipient poreux en terre cuite non émaillée est enterré dans le sol, son ouverture affleurant à la surface. Rempli d’eau, il diffuse lentement l’humidité dans le sol par capillarité, directement au niveau des racines des plantes.

Comment fonctionnent exactement les oyas?

L’efficacité des oyas repose sur un phénomène physique simple. La terre cuite non émaillée présente une porosité naturelle qui permet à l’eau de s’infiltrer lentement à travers ses parois. Cette diffusion est régulée naturellement :

  • Quand le sol est sec, la différence de pression entre l’intérieur du pot (humide) et l’extérieur (sec) accélère la diffusion
  • Quand le sol est suffisamment humide, la diffusion ralentit naturellement
  • L’eau va directement aux racines, sans ruissellement ni évaporation excessive

Cette irrigation souterraine présente l’avantage considérable de délivrer l’eau exactement là où les plantes en ont besoin, sans gaspillage. Contrairement à l’arrosage classique par aspersion où une grande partie de l’eau s’évapore avant même d’atteindre les racines.

Les avantages concrets des oyas pour votre potager

Une économie d’eau substantielle

Dans un contexte où les ressources en eau deviennent précieuses, les oyas permettent de réduire la consommation d’eau de 50 à 70% par rapport à un arrosage classique. L’eau va directement aux racines, sans déperdition par évaporation ou ruissellement.

Un jardinier de Provence témoigne : « Depuis que j’utilise des oyas dans mon potager, ma consommation d’eau a diminué de moitié, tout en maintenant mes légumes en parfaite santé, même pendant les canicules. »

Un gain de temps considérable

Fini l’arrosage quotidien ! Un oya de taille moyenne (2-3 litres) peut maintenir l’humidité du sol pendant 3 à 5 jours en été, voire plus selon les conditions climatiques. Les modèles plus grands (5-10 litres) peuvent tenir jusqu’à une semaine, parfait pour les départs en week-end ou en vacances.

Des plantes en meilleure santé

L’humidité constante mais non excessive favorise un développement racinaire optimal. Les plantes ne subissent pas le stress des alternances entre sol détrempé et sol desséché. De plus, l’arrosage au niveau des racines limite le développement de certaines maladies fongiques liées à l’humidité du feuillage.

Moins de mauvaises herbes

Puisque seule la zone proche de l’oya est humidifiée, les graines de mauvaises herbes situées en surface ou entre les plants ont moins tendance à germer. Un avantage non négligeable qui réduit le temps consacré au désherbage.

Comment installer des oyas dans votre potager

L’installation est simple et ne nécessite aucune compétence particulière en jardinage ou en bricolage.

Le matériel nécessaire

  • Des pots en terre cuite non émaillée (avec ou sans trou au fond)
  • Une petite pelle ou transplantoir
  • Un couvercle pour chaque pot (peut être improvisé avec une soucoupe, une pierre plate, etc.)

L’installation pas à pas

  1. Creusez un trou légèrement plus grand que votre pot
  2. Placez le pot dans le trou en laissant dépasser le col de 2-3 cm
  3. Rebouchez soigneusement autour du pot en tassant légèrement la terre
  4. Remplissez le pot d’eau jusqu’en haut
  5. Couvrez l’ouverture pour éviter l’évaporation et empêcher les insectes d’y tomber

Idéalement, placez vos oyas avant de planter vos légumes. Espacez-les selon leur taille et la nature de votre sol : en général, un oya de taille moyenne (2-3 litres) irrigue efficacement un cercle d’environ 30-40 cm de rayon.

Fabriquer soi-même ses oyas : économique et écologique

Si les oyas du commerce peuvent représenter un certain investissement (comptez entre 10 et 30€ pièce selon la taille), il est tout à fait possible de les fabriquer soi-même pour quelques euros.

Avec des pots de fleurs classiques

La méthode la plus simple consiste à utiliser des pots de fleurs en terre cuite ordinaires :

  1. Prenez un pot en terre cuite non émaillée (avec ou sans trou)
  2. Si le pot a un trou, bouchez-le avec un bouchon en liège ou un mélange de ciment
  3. Testez l’étanchéité en remplissant d’eau et vérifiez que l’eau suinte lentement à travers les parois
  4. Prévoyez un couvercle (une soucoupe en terre cuite convient parfaitement)

Marie, jardinière dans le Sud-Ouest, raconte : « J’ai commencé avec des pots de fleurs à 1,50€ pièce dans une jardinerie discount. Ça marche parfaitement depuis 3 ans pour mes tomates et mes courgettes. »

La méthode des pots emboîtés

Pour ceux qui souhaitent un système plus élaboré :

  1. Prenez deux pots de taille légèrement différente
  2. Bouchez le trou du pot intérieur
  3. Placez le petit pot dans le grand
  4. Comblez l’espace entre les deux avec du sable
  5. Scellez le haut avec de l’argile ou du ciment

Cette méthode crée une double paroi qui régule encore mieux la diffusion de l’eau.

Conseils pratiques pour optimiser l’utilisation des oyas

L’entretien au quotidien

L’entretien des oyas est minimal, mais quelques gestes simples prolongeront leur durée de vie :

  • Vérifiez régulièrement le niveau d’eau, surtout les premiers jours pour comprendre le rythme de diffusion dans votre sol
  • Nettoyez occasionnellement l’intérieur pour éviter les dépôts calcaires qui pourraient obstruer les pores (un peu de vinaigre blanc fait l’affaire)
  • En hiver, videz et rentrez vos oyas pour éviter que le gel ne les fissure

Adaptez selon vos cultures

Toutes les plantes ne réagissent pas de la même façon à cette méthode d’irrigation :

  • Les tomates, courgettes, aubergines et poivrons adorent cette irrigation régulière et profonde
  • Les salades et autres légumes-feuilles apprécient
  • Pour les carottes, radis et autres racines, placez l’oya à côté plutôt qu’au milieu des rangs
  • Les aromates méditerranéennes (thym, romarin) préfèrent généralement un sol plus sec – utilisez les oyas avec parcimonie

Combiner avec d’autres techniques

Pour maximiser les bénéfices, associez les oyas à d’autres pratiques de jardinage durable :

  • Le paillage autour des oyas limite encore davantage l’évaporation
  • La culture sur buttes se marie parfaitement avec cette technique
  • Un système de récupération d’eau de pluie complète idéalement ce dispositif économe

Témoignages de jardiniers conquis

Pierre, maraîcher en Ardèche : « J’ai installé une cinquantaine d’oyas sur une parcelle test il y a deux ans. La différence est flagrante : économie d’eau, légumes plus résistants aux périodes chaudes, et surtout un gain de temps phénoménal. Je n’arrose plus cette zone qu’une fois par semaine, contre un arrosage quotidien ailleurs. »

Sophie, jardinière urbaine à Lyon : « Avec mon petit balcon exposé plein sud, je n’arrivais pas à maintenir mes plantes en vie pendant mes absences. Depuis que j’ai installé des mini-oyas dans mes jardinières, je peux m’absenter une semaine sans inquiétude. C’est révolutionnaire pour moi ! »

Jean-Marc, retraité dans le Var : « À 72 ans, je commençais à trouver pénible l’arrosage quotidien avec les tuyaux. Les oyas m’ont changé la vie. Je remplis mes 15 pots deux fois par semaine, et mon potager n’a jamais été aussi beau, même pendant les canicules de l’été dernier. »

Les limites et précautions à connaître

Malgré tous leurs avantages, les oyas ne sont pas une solution miracle et présentent quelques contraintes :

  • L’investissement initial peut être conséquent si vous optez pour des modèles du commerce
  • L’installation demande un peu de travail au départ, surtout dans un potager déjà en place
  • Dans les sols très argileux, la diffusion peut être trop lente
  • À l’inverse, dans les sols très sableux, l’eau peut se diffuser trop rapidement
  • Les racines des plantes peuvent parfois s’agglomérer autour de l’oya, réduisant l’efficacité du système

Pour pallier ces inconvénients, n’hésitez pas à expérimenter différentes tailles et dispositions d’oyas selon votre type de sol et vos cultures.

Une solution d’avenir face aux défis climatiques

À l’heure où les épisodes de sécheresse se multiplient et où les restrictions d’eau deviennent courantes en été, les oyas représentent une solution à la fois ancestrale et parfaitement adaptée aux défis contemporains.

Cette technique simple s’inscrit parfaitement dans une démarche de jardinage respectueux de l’environnement, économe en ressources et en temps. Un bel exemple de ces sagesses anciennes qui retrouvent toute leur pertinence face aux enjeux actuels.

Alors, prêt à essayer cette astuce millénaire dans votre potager? Commencez modestement avec quelques pots pour tester, et vous pourriez bien vous demander comment vous avez pu vous en passer si longtemps!

5/5 - (1 vote)
Partager cet article

Mes écrits explorent une variété de sujets. Ma curiosité insatiable m’incite à présenter des perspectives uniques et à captiver les lecteurs par mes récits. À travers mes mots, j’aspire à éclairer et à inspirer, partageant la diversité fascinante de notre planète.

Les commentaires sont fermés.