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- Pourquoi mars est un mois crucial pour les oiseaux
- Erreur n°1 : Tailler les haies et élaguer les arbres sans précaution
- Pourquoi c’est problématique
- Comment faire autrement
- Erreur n°2 : Utiliser des produits phytosanitaires sans discernement
- Les dangers pour l’avifaune
- Des alternatives respectueuses des oiseaux
- Erreur n°3 : Nettoyer excessivement le jardin et éliminer les « déchets » naturels
- En quoi le nettoyage excessif nuit aux oiseaux
- Comment aménager un jardin favorable aux oiseaux
- Comment concilier jardinage printanier et protection des oiseaux
- Calendrier des travaux respectueux des oiseaux
- Aménagements spécifiques pour favoriser la nidification
- Que faire si vous trouvez un nid ou un oisillon
Le mois de mars marque le début du printemps et avec lui, le retour des oiseaux dans nos jardins.
Alors que les températures remontent doucement, nos amis à plumes commencent leurs parades nuptiales et préparent leurs nids.
Cette période cruciale pour leur reproduction est malheureusement souvent perturbée par nos activités de jardinage printanières.
Beaucoup de jardiniers, impatients de retrouver leurs espaces verts après l’hiver, commettent sans le savoir des erreurs qui peuvent avoir des conséquences dramatiques pour la faune ailée.
Pourquoi mars est un mois crucial pour les oiseaux
Mars n’est pas seulement le mois où nous reprenons nos activités au jardin. C’est aussi le moment où de nombreuses espèces d’oiseaux entament leur cycle de reproduction. Les mésanges, merles, rouges-gorges et autres passereaux cherchent activement des sites de nidification et commencent à construire leurs nids.
Selon la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), plus de 80% des espèces d’oiseaux communs nichant en France débutent leur période de reproduction entre mars et juillet. Cette période est d’autant plus importante que les populations d’oiseaux connaissent un déclin inquiétant : en 30 ans, nous avons perdu près de 30% des oiseaux des campagnes françaises.
Les causes sont multiples : urbanisation, agriculture intensive, pollution… mais nos pratiques de jardinage peuvent avoir un impact significatif, positif comme négatif.
Erreur n°1 : Tailler les haies et élaguer les arbres sans précaution
La taille des haies et l’élagage des arbres figurent parmi les activités de jardinage les plus courantes au printemps. Pourtant, c’est aussi l’une des pratiques les plus préjudiciables pour les oiseaux en période de nidification.
Pourquoi c’est problématique
Les haies et les arbres constituent des sites de nidification privilégiés pour de nombreuses espèces d’oiseaux. En taillant sans vérification préalable, vous risquez de :
- Détruire des nids en construction
- Perturber des couples en pleine parade nuptiale
- Exposer des nids existants aux prédateurs et aux intempéries
- Détruire des œufs ou tuer des oisillons
Vincent Albouy, entomologiste et ancien président de l’Office Pour les Insectes et leur Environnement (OPIE), rappelle que « la destruction des nids d’oiseaux protégés, même par inadvertance, est interdite par la loi et passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 15 000 euros et un an d’emprisonnement. »
Comment faire autrement
Pour éviter ces dégâts, voici quelques recommandations :
- Anticipez vos travaux de taille : effectuez les tailles importantes en fin d’automne ou en hiver, avant la période de nidification.
- Inspectez minutieusement les haies et arbustes avant toute intervention. Cherchez des signes de nidification : va-et-vient d’oiseaux, brindilles assemblées, etc.
- Reportez la taille si vous repérez un nid, en marquant mentalement l’emplacement pour ne pas l’oublier.
- Privilégiez une taille légère si elle est vraiment nécessaire, en vous éloignant des zones de nidification identifiées.
Le Muséum National d’Histoire Naturelle recommande d’éviter toute taille de haies entre le 15 mars et le 31 juillet, période qui couvre la nidification de la plupart des espèces.
Erreur n°2 : Utiliser des produits phytosanitaires sans discernement
Le retour des beaux jours s’accompagne souvent d’une recrudescence des « indésirables » au jardin : pucerons, limaces, mauvaises herbes… Face à ces problèmes, nombreux sont les jardiniers qui ont encore le réflexe d’utiliser des produits chimiques.
Les dangers pour l’avifaune
L’utilisation de pesticides, même ceux autorisés en jardinage amateur, présente plusieurs risques pour les oiseaux :
- Intoxication directe par ingestion de graines ou d’insectes contaminés
- Raréfaction des ressources alimentaires, notamment pour les espèces insectivores
- Contamination des matériaux de construction des nids
- Bioaccumulation des toxiques dans l’organisme des oiseaux
- Fragilisation des coquilles d’œufs, réduisant le succès reproductif
Une étude publiée dans la revue Science en 2019 a établi un lien direct entre le déclin des oiseaux insectivores et l’utilisation de néonicotinoïdes, une famille d’insecticides très répandue.
Des alternatives respectueuses des oiseaux
Pour un jardin accueillant pour les oiseaux, privilégiez :
- Les méthodes de lutte biologique : favorisez les prédateurs naturels comme les coccinelles contre les pucerons
- Les associations de plantes répulsives ou attractives selon les besoins
- Les pièges mécaniques pour les limaces (pièges à bière, bandes de cuivre)
- Le paillage pour limiter les adventices et préserver l’humidité du sol
- Les purins végétaux (ortie, consoude, prêle) pour renforcer vos plantes
François Lasserre, vice-président de l’OPIE, souligne que « les oiseaux sont nos meilleurs alliés contre les ravageurs. Une mésange peut consommer jusqu’à 500 insectes par jour, dont de nombreux nuisibles pour le jardin. Les protéger, c’est aussi protéger nos cultures. »
Erreur n°3 : Nettoyer excessivement le jardin et éliminer les « déchets » naturels
Le désir d’un jardin « propre » et bien rangé nous pousse souvent à éliminer systématiquement les feuilles mortes, branches tombées et autres débris végétaux. Cette manie du nettoyage peut pourtant s’avérer néfaste pour la biodiversité en général et les oiseaux en particulier.
En quoi le nettoyage excessif nuit aux oiseaux
Un jardin trop « propre » présente plusieurs inconvénients pour l’avifaune :
- Privation de matériaux de construction pour les nids (brindilles, herbes sèches, mousses)
- Disparition des habitats pour les insectes dont se nourrissent de nombreux oiseaux
- Élimination des zones de refuge contre les prédateurs et les intempéries
- Perturbation des zones de recherche de nourriture (les oiseaux fouillent la litière à la recherche d’invertébrés)
Le Centre Ornithologique Île-de-France estime qu’un tas de bois mort peut abriter jusqu’à 1000 espèces différentes d’insectes, constituant un véritable garde-manger pour les oiseaux insectivores.
Comment aménager un jardin favorable aux oiseaux
Pour favoriser la présence d’oiseaux tout en maintenant un jardin agréable :
| Zone du jardin | Action recommandée | Bénéfice pour les oiseaux |
|---|---|---|
| Pelouse | Tondre moins souvent et moins court (7-8 cm) | Favorise les insectes dont se nourrissent les oiseaux |
| Haies et arbustes | Conserver des zones denses et non taillées | Sites de nidification protégés |
| Sous-bois/zones ombragées | Laisser un tapis de feuilles mortes | Habitat pour invertébrés et matériaux pour nids |
| Coin du jardin | Créer un tas de bois/branchages | Abri pour insectes et petits animaux |
| Massifs | Laisser les graminées et fleurs fanées en hiver | Source de graines et matériaux pour nids |
Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, rappelle que « la nature n’est pas désordonnée, elle est juste organisée différemment de nos standards esthétiques. Un jardin légèrement sauvage est un jardin vivant. »
Comment concilier jardinage printanier et protection des oiseaux
Il est tout à fait possible de profiter de son jardin au printemps tout en respectant le cycle de vie des oiseaux. Voici quelques conseils pratiques :
Calendrier des travaux respectueux des oiseaux
Adaptez votre calendrier de jardinage pour minimiser les perturbations :
- Janvier-février : période idéale pour les tailles importantes, l’élagage et le nettoyage des nichoirs
- Mars-juillet : limitez les interventions dans les haies et arbustes, privilégiez les travaux au potager et dans les massifs de fleurs
- Août-septembre : reprise progressive des tailles légères quand la plupart des nichées ont pris leur envol
- Octobre-décembre : nettoyage et préparation du jardin pour l’hiver, installation de nouveaux nichoirs
Aménagements spécifiques pour favoriser la nidification
Au-delà d’éviter les erreurs, vous pouvez activement contribuer à la protection des oiseaux en :
- Installant des nichoirs adaptés aux espèces locales (renseignez-vous auprès d’associations ornithologiques)
- Plantant des espèces végétales indigènes qui fournissent nourriture et abri
- Créant des points d’eau (mare, bassin peu profond, simple soucoupe) pour la boisson et la toilette
- Aménageant des zones de poussière où les oiseaux peuvent prendre des bains de poussière pour se débarrasser des parasites
- Maintenant une distance respectueuse avec les zones de nidification identifiées
La Fondation pour la Nature et l’Homme souligne l’importance de la diversité des habitats : « Un jardin qui combine arbres, arbustes, prairies, zones humides et espaces fleuris peut accueillir jusqu’à 5 fois plus d’espèces d’oiseaux qu’un jardin uniforme. »
Que faire si vous trouvez un nid ou un oisillon
Il arrive parfois, malgré toutes les précautions, de découvrir un nid ou un oisillon tombé :
- Si vous trouvez un nid intact, ne le touchez pas et éloignez-vous rapidement pour ne pas effrayer les parents
- Face à un oisillon au sol mais emplumé, ne le ramassez pas sauf danger immédiat – il s’agit probablement d’un jeune en apprentissage sous la surveillance des parents
- Pour un oisillon nu ou peu emplumé, vous pouvez tenter de le remettre dans son nid si vous le localisez, ou contacter un centre de soins pour la faune sauvage
N’essayez jamais d’élever vous-même un oisillon sauvage. Cette pratique est non seulement illégale pour les espèces protégées, mais aussi vouée à l’échec dans la plupart des cas.
En adoptant ces pratiques respectueuses au jardin, vous contribuerez à préserver la biodiversité locale tout en profitant du spectacle merveilleux qu’offrent les oiseaux au printemps. Leur présence n’est pas seulement un plaisir pour les yeux et les oreilles, c’est aussi un indicateur précieux de la santé de notre environnement. Et n’oublions pas que protéger les oiseaux, c’est aussi protéger notre jardin, puisqu’ils sont de précieux alliés dans la lutte contre de nombreux ravageurs.