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- Bambou : ami du jardin ou ennemi silencieux ?
- Les dégâts potentiels : quand le bambou s’attaque à vos biens
- Dommages aux fondations et aux murs
- Destruction des canalisations et systèmes d’évacuation
- Soulèvement des terrasses et pavages
- Dommages aux réseaux électriques et de télécommunication
- Les distances de plantation à respecter impérativement
- Solutions pour planter des bambous en toute sécurité
- Optez pour des variétés non traçantes
- Installez une barrière anti-rhizomes
- Plantez en pot ou en bac
- Que faire si le bambou est déjà installé et devient envahissant ?
- La taille régulière des rhizomes
- L’installation tardive d’une barrière
- L’éradication totale
- Aspects juridiques : quand le bambou devient source de conflits
- Témoignages : quand le rêve d’exotisme vire au cauchemar
- Alternatives au bambou pour des effets similaires
- Conseils pratiques avant de vous lancer
Les bambous font partie de ces plantes qui séduisent par leur élégance et leur côté exotique.
Beaucoup de jardiniers les adoptent pour créer des haies rapides ou apporter une touche d’Asie à leur extérieur.
Mais derrière cette beauté se cache parfois un véritable cauchemar.
Sans le savoir, vous pourriez introduire chez vous une plante capable de s’étendre sans limites et de causer des dégâts considérables à vos installations.
J’ai moi-même fait cette erreur il y a quelques années, et je partage aujourd’hui mon expérience pour vous éviter bien des tracas.
Bambou : ami du jardin ou ennemi silencieux ?
Le bambou, avec ses tiges gracieuses et son feuillage persistant, semble être la plante parfaite pour embellir nos jardins. Pourtant, cette graminée géante cache un secret que les vendeurs en jardinerie mentionnent rarement : son système racinaire peut devenir extrêmement envahissant.
Il existe plus de 1500 espèces de bambous réparties en deux grandes catégories :
- Les bambous cespiteux (ou non traçants) qui poussent en touffes
- Les bambous traçants qui se propagent horizontalement via leurs rhizomes
Ce sont ces derniers qui posent problème. Leurs rhizomes, ces tiges souterraines, peuvent s’étendre jusqu’à 3 à 5 mètres par an dans toutes les directions. Imaginez un instant les conséquences pour votre jardin et vos installations !
Les dégâts potentiels : quand le bambou s’attaque à vos biens
Les rhizomes de bambou ne sont pas de simples racines. Ce sont des structures ligneuses, dures et pointues, capables de s’infiltrer dans les moindres fissures et de soulever des obstacles importants. Voici les dommages les plus fréquents causés par ces plantes mal positionnées :
Dommages aux fondations et aux murs
Les rhizomes de bambou peuvent exercer une pression considérable sur les fondations des bâtiments. Ils s’infiltrent dans les microfissures et, en grossissant, élargissent ces failles jusqu’à fragiliser sérieusement la structure. Un voisin m’a raconté avoir dépensé plus de 8000€ pour réparer les dégâts causés par un bambou planté trop près de sa maison.
Destruction des canalisations et systèmes d’évacuation
Les systèmes d’évacuation d’eau et les canalisations représentent des cibles privilégiées pour les bambous. Attirés par l’humidité, les rhizomes pénètrent dans les joints des tuyaux, les obstruent et finissent par les faire éclater. Le coût de remplacement d’une canalisation endommagée peut facilement atteindre plusieurs milliers d’euros, sans compter les dégâts collatéraux.
Soulèvement des terrasses et pavages
Votre belle terrasse en bois ou en pierre n’est pas à l’abri. Les rhizomes de bambou peuvent se glisser sous les dalles ou les lames et les soulever progressivement. J’ai vu des terrasses entières devenir impraticables en l’espace de deux ans seulement.
Dommages aux réseaux électriques et de télécommunication
Les gaines enterrées qui protègent les câbles électriques ou de fibre optique ne résistent pas longtemps aux assauts des bambous. Résultat : des coupures inexpliquées et des réparations coûteuses. Un technicien m’a confié intervenir de plus en plus souvent pour ce genre de problèmes.
| Type d’installation | Dégâts potentiels | Coût moyen des réparations |
|---|---|---|
| Fondations | Fissures, infiltrations | 5000 à 15000€ |
| Canalisations | Obstruction, rupture | 1500 à 4000€ |
| Terrasse | Soulèvement, déformation | 2000 à 6000€ |
| Réseaux enterrés | Sectionnement, court-circuit | 800 à 3000€ |
Les distances de plantation à respecter impérativement
Pour éviter ces désagréments, la règle est simple : gardez vos bambous traçants loin de toute structure sensible. Voici les distances minimales recommandées :
- 10 mètres minimum des fondations, murs et structures bâties
- 5 mètres des canalisations et réseaux enterrés
- 3 mètres des terrasses et zones pavées
- 2 mètres de la limite de propriété voisine (pour éviter les conflits de voisinage)
Ces distances peuvent sembler excessives, mais elles sont justifiées par la vitesse de propagation des rhizomes. Un bambou traçant peut facilement parcourir plusieurs mètres sous terre en une seule saison.
Solutions pour planter des bambous en toute sécurité
Vous adorez les bambous mais vous craignez leurs effets dévastateurs ? Pas de panique, des solutions existent :
Optez pour des variétés non traçantes
Les bambous cespiteux comme le Fargesia poussent en touffes compactes et ne produisent pas de rhizomes envahissants. Ils constituent une alternative sûre, même si leur croissance est généralement plus lente et leur taille plus modeste.
Installez une barrière anti-rhizomes
Si vous tenez absolument à planter un bambou traçant, l’installation d’une barrière anti-rhizomes est indispensable. Il s’agit d’une membrane en polyéthylène haute densité (PEHD) d’au moins 2 mm d’épaisseur, enterrée verticalement autour de la zone de plantation.
Cette barrière doit :
- Descendre à au moins 70 cm de profondeur
- Dépasser du sol de 5 à 10 cm pour bloquer les rhizomes qui tenteraient de passer par-dessus
- Former une enceinte complètement fermée autour du bambou
- Être installée avec un chevauchement d’au moins 30 cm aux jonctions
Le coût d’une telle installation varie entre 100 et 300€ pour une surface modeste, mais c’est un investissement négligeable comparé aux dégâts potentiels.
Plantez en pot ou en bac
Une autre solution consiste à cultiver vos bambous en conteneurs. Choisissez des pots larges et profonds (au moins 50 cm de diamètre) avec des trous de drainage. Cette méthode limite naturellement l’expansion des rhizomes et permet de profiter des bambous sur une terrasse ou un balcon.
Que faire si le bambou est déjà installé et devient envahissant ?
Vous avez hérité d’un jardin avec des bambous mal placés ? Ou peut-être avez-vous planté des bambous sans connaître leur potentiel invasif ? Voici comment gérer la situation :
La taille régulière des rhizomes
Chaque printemps, creusez une tranchée d’environ 30 cm de profondeur autour de la touffe de bambou et coupez tous les rhizomes qui tentent de s’échapper. C’est un travail physique qui doit être répété religieusement chaque année.
L’installation tardive d’une barrière
Même pour un bambou déjà en place, il est possible d’installer une barrière anti-rhizomes. La procédure est plus complexe car elle implique de creuser tout autour de la plante sans endommager les racines principales. Faites appel à un professionnel si la touffe est importante.
L’éradication totale
Dans les cas extrêmes, l’arrachage complet peut s’avérer nécessaire. Attention, c’est une opération titanesque qui nécessite souvent l’intervention d’une mini-pelle et plusieurs jours de travail. Tous les rhizomes doivent être retirés sous peine de voir le bambou repousser.
Un ami paysagiste m’a confié avoir facturé plus de 2500€ pour l’arrachage d’une haie de bambous de 10 mètres de long. La zone a ensuite dû être surveillée pendant deux ans pour éliminer les repousses.
Aspects juridiques : quand le bambou devient source de conflits
Les bambous envahissants sont de plus en plus souvent au cœur de litiges entre voisins. Si vos bambous envahissent la propriété voisine, vous pourriez être tenu responsable des dommages causés.
L’article 673 du Code civil stipule que le propriétaire sur le terrain duquel avancent les branches ou racines des arbres du voisin peut contraindre celui-ci à les couper. Ce principe s’applique aux bambous.
Des jurisprudences récentes ont condamné des propriétaires de bambous à payer d’importants dédommagements pour des dégâts causés chez leurs voisins. Un tribunal de Nantes a ainsi ordonné le versement de 12000€ pour la réfection d’une terrasse endommagée par des rhizomes.
Témoignages : quand le rêve d’exotisme vire au cauchemar
Marie, habitante de la région toulousaine, a planté trois pieds de Phyllostachys aurea le long de son mur de clôture en 2015. « En trois ans, les bambous ont traversé sous le mur et ont envahi le jardin de mon voisin. Il a fallu arracher toute la haie et refaire une partie de sa terrasse. Ça m’a coûté près de 5000€, sans compter la relation avec mon voisin qui s’est considérablement dégradée. »
Pierre, propriétaire dans le Var, a eu moins de chance encore : « Un bambou planté par l’ancien propriétaire a fini par fissurer la dalle de ma piscine. L’expert en assurance a immédiatement identifié la cause. Résultat : 14000€ de travaux non pris en charge par l’assurance car considérés comme un défaut d’entretien. »
Alternatives au bambou pour des effets similaires
Si vous cherchez des plantes offrant des effets visuels proches du bambou mais sans les inconvénients, voici quelques alternatives intéressantes :
- Le Miscanthus (herbe à éléphant) : grande graminée au port élégant
- L’Arundo donax (canne de Provence) : aspect similaire mais système racinaire moins agressif
- Le Pennisetum : graminée décorative formant de belles touffes
- Le Cortaderia (herbe de la pampa) : effet volumineux et graphique
Ces plantes peuvent créer des ambiances exotiques ou des écrans de verdure sans le potentiel destructeur des bambous traçants.
Conseils pratiques avant de vous lancer
Si malgré tous ces avertissements, vous souhaitez toujours planter des bambous, voici quelques conseils essentiels :
- Identifiez précisément l’espèce que vous achetez (traçante ou cespiteuse)
- Demandez conseil à un pépiniériste spécialisé plutôt qu’en grande surface
- Prévoyez dès la plantation un système de confinement adapté
- Notez sur un plan l’emplacement exact de vos bambous et des barrières anti-rhizomes
- Inspectez régulièrement la périphérie de vos plantations pour détecter toute tentative d’évasion
Le bambou reste une plante magnifique qui peut apporter beaucoup à un jardin. Mais comme pour toute beauté sauvage, il convient de la respecter et de prendre les précautions nécessaires. Un bambou bien maîtrisé sera source de plaisir pendant de nombreuses années, tandis qu’un bambou négligé pourrait vous coûter bien plus que son prix d’achat.
Alors avant de craquer pour ces cannes élégantes, posez-vous les bonnes questions sur l’emplacement, l’espèce et les moyens de contrôle que vous êtes prêt à mettre en œuvre. Votre portefeuille et vos relations de voisinage vous en remercieront !