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Le rêve d’une Europe roulant en silence sur des routes propres semble s’éloigner.
Les chiffres de vente des voitures électriques pour le mois d’août 2024 viennent de tomber, et ils sont loin d’être réjouissants.
Cette tendance à la baisse, qui dure depuis maintenant quatre mois consécutifs, soulève de nombreuses questions sur l’avenir de la mobilité électrique sur le Vieux Continent.
Un effondrement généralisé des ventes
Les données sont sans appel. Dans l’Union européenne, les ventes de véhicules électriques ont chuté de 43,9% en août 2024 par rapport à la même période l’année précédente. Si l’on élargit le périmètre à l’Europe élargie, incluant le Royaume-Uni, la Suisse, la Norvège et l’Islande, la baisse atteint 36%.
Voici un aperçu des baisses par pays :
- Allemagne : -68,8%
- Italie : -40,9%
- France : -33,1%
- Suède : -30,6%
- Espagne : -24,8%
Ces chiffres sont d’autant plus alarmants qu’ils s’inscrivent dans un contexte global de baisse du marché automobile. En août, les ventes tous types de motorisations confondus ont diminué de 18,3% dans l’UE et de 16,5% en Europe élargie.
Les hybrides rechargeables touchés
La chute ne se limite pas aux véhicules 100% électriques. Les hybrides rechargeables, souvent considérés comme une transition vers l’électrique pur, subissent un revers. Leurs ventes ont baissé de 22,3% dans l’UE et de 22,1% en Europe élargie.
Fait intéressant, seuls les hybrides non rechargeables semblent tirer leur épingle du jeu, étant la seule motorisation à afficher une hausse des ventes.
Un bilan sur 8 mois peu encourageant
Si l’on élargit la perspective aux huit premiers mois de l’année 2024, la situation reste préoccupante. Les ventes de véhicules électriques ont reculé de 8,3% dans l’UE et de 5,5% en Europe élargie. Cette tendance contraste avec la stabilité relative du marché automobile global, qui affiche une légère hausse de 1,4% dans l’UE sur la même période.
Des conséquences potentiellement dévastatrices pour l’industrie
Cette situation n’est pas sans conséquence pour les constructeurs automobiles européens. Après avoir massivement investi dans la technologie électrique et modifié leurs outils de production, ils se retrouvent face à un marché qui s’essouffle. C’est d’autant plus inquiétant que la concurrence chinoise se fait de plus en plus pressante.
Les enjeux sont colossaux :
- Des centaines de milliers d’emplois pourraient être menacés
- Les investissements massifs réalisés risquent de ne pas être rentabilisés
- La compétitivité de l’industrie automobile européenne est en jeu face à la concurrence asiatique
Un défi politique majeur
Cette situation met en lumière le défi auquel font face les décideurs politiques européens. L’Union européenne a fixé un objectif ambitieux : l’interdiction des véhicules émetteurs de CO2 d’ici 2035. Mais avec un marché qui s’essouffle, cet objectif semble de plus en plus difficile à atteindre.
L’industrie automobile européenne appelle à une action urgente pour soutenir le marché et maintenir la compétitivité du secteur.
Quelques lueurs d’espoir
Malgré ce tableau sombre, certains pays résistent à la tendance. Voici quelques exceptions notables :
- Danemark : +47,7% (7050 voitures en août 2024 contre 4772 en 2023)
- Royaume-Uni : +10,8%
- Belgique : +8,5% (10.027 VE en août 2024)
- Pays-Bas : +3% (9418 vs 9147)
- Norvège : +13,3% (10.480 VE sur 11.083 voitures vendues)
Ces chiffres montrent que certains marchés parviennent encore à maintenir une dynamique positive, notamment grâce à des politiques incitatives efficaces.
Le marché de l’occasion : un autre défi
La baisse des ventes de véhicules électriques neufs a des répercussions sur le marché de l’occasion. Plusieurs facteurs entrent en jeu :
- La surévaluation de la valeur résiduelle par les constructeurs et les entreprises de location longue durée
- L’obsolescence rapide des technologies de batteries
- Le coût d’achat élevé des véhicules neufs
- Les contraintes réglementaires qui évoluent rapidement
Actuellement, les véhicules électriques ne représentent que 1,6% du marché de l’occasion, mais 4% des occasions de moins de 5 ans. Leur taux de rotation est relativement élevé, entre 90 et 150 jours.
Cette situation pousse à une réévaluation à la baisse de la valeur résiduelle attendue, ce qui pourrait entraîner une augmentation du loyer de base des véhicules électriques en location.
Vers une nécessaire adaptation
Face à ces défis, l’industrie automobile européenne se trouve à un carrefour. Il est urgent d’agir pour relancer la demande de véhicules électriques, tout en réévaluant les stratégies de vente et de location.
Les constructeurs devront s’adapter rapidement aux évolutions technologiques, notamment dans le domaine des batteries, pour maintenir leur compétitivité sur un marché de plus en plus concurrentiel.
L’avenir de la mobilité électrique en Europe dépendra de la capacité des acteurs du secteur à surmonter ces obstacles et à proposer des solutions attractives pour les consommateurs. Le chemin vers une Europe roulant en électrique semble encore long et semé d’embûches.