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La France pourrait bientôt dire adieu à l’un de ses jours fériés. Cette idée, qui risque de faire grincer des dents, émane d’un récent rapport sénatorial. L’objectif ? Générer des fonds pour venir en aide aux personnes âgées et handicapées.
Vingt ans après l’instauration de la première journée de solidarité, cette nouvelle mesure pourrait rapporter pas moins de 2,4 milliards d’euros par an.
Le système des Ehpad en crise : un constat alarmant
Le scandale déclenché par le livre « Les fossoyeurs » de Victor Castanet en 2022 a mis en lumière les failles profondes du système des Ehpad en France. Aujourd’hui, le secteur est en quête désespérée de financements, et le modèle actuel semble avoir atteint ses limites.
Le rapport d’information, fruit du travail des sénatrices Chantal Deseyne, Anne Souyris et Solanges Nadille, dresse un tableau peu reluisant de la situation :
- 600 000 personnes sont actuellement prises en charge dans les Ehpad
- La population âgée dépendante devrait augmenter de 46% entre 2020 et 2050
- 66% des Ehpad étaient déficitaires en 2023
- Le taux d’occupation a chuté entre 2020 et 2021
- L’image de ces établissements s’est considérablement dégradée
Les défis majeurs auxquels font face les Ehpad
Au-delà des problèmes financiers, les Ehpad doivent relever plusieurs défis de taille :
- La crise inflationniste qui pèse sur les budgets
- L’augmentation des salaires et des dépenses de fonctionnement
- Un taux d’absentéisme élevé parmi le personnel
- Un manque d’attractivité chronique pour les métiers du secteur, notamment celui d’aide-soignant
Des propositions ambitieuses pour un nouveau modèle
Face à ces constats, les sénatrices avancent plusieurs pistes pour redresser la barre :
- Instaurer un ratio d’encadrement de 8 ETP pour 10 résidents
- Repenser les Ehpad comme des « micro-coeurs de ville » avec des lieux de vie et des services intégrés
- Investir massivement pour adapter les bâtiments au réchauffement climatique
- Accompagner la transition numérique des établissements
La proposition choc : supprimer un jour férié
C’est la quatrième proposition du rapport qui risque de faire le plus de bruit. Pour financer la branche autonomie de la sécurité sociale, les sénatrices suggèrent de créer une « deuxième journée de solidarité« . Concrètement, cela signifierait :
- La suppression d’un jour férié
- Une journée de travail supplémentaire non rémunérée pour les actifs
- Des recettes estimées à 2,4 milliards d’euros par an
- Un montant qui pourrait atteindre 3,3 milliards d’euros en augmentant la contribution des retraités
Retour sur la première journée de solidarité
Pour comprendre l’ampleur de cette proposition, il faut revenir à 2004, année d’instauration de la première journée de solidarité :
- Objectif : financer des actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées ou handicapées
- Mise en œuvre : une journée de travail supplémentaire non rémunérée dans le privé comme dans le public
- Options : travailler un jour férié (hors 1er mai), un jour de RTT, ou un samedi
- Recettes annuelles : environ 3 milliards d’euros
- Total cumulé entre 2004 et 2020 : 37 milliards d’euros pour l’autonomie
Un débat sociétal en perspective
Si cette proposition venait à se concrétiser, elle ne manquerait pas de susciter de vives réactions. D’un côté, l’urgence de financer l’accompagnement des personnes âgées et handicapées est réelle. De l’autre, les Français sont-ils prêts à sacrifier un nouveau jour de repos au nom de la solidarité ?
Cette idée soulève des questions sur l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, ainsi que sur la répartition de l’effort entre actifs et retraités. Le débat promet d’être animé, et les décideurs politiques devront peser soigneusement le pour et le contre avant de se prononcer sur cette mesure controversée.
Quoi qu’il en soit, ce rapport sénatorial a le mérite de mettre en lumière l’urgence de repenser notre système de prise en charge des personnes âgées et handicapées. Reste à savoir si la suppression d’un jour férié est la solution la plus appropriée pour relever ce défi sociétal majeur.
Discussion3 commentaires
Contre cette mesure qui va probablement créer des injustices, des grèves et des protestations.
Génial, mais est-ce-que la recette ira bien au EHPAD ?????.
Cà pourrait être un nouvel impôt détourné;
on a déjà connu çà !!
Un ancien
Encore un impôt détourné, c’est une honte rien que d’y penser à vouloir récidiver ce scandale de 2005 ! Arrêtez de prendre les actifs du privé pour des vaches à lait. On sait que ce genre de mesure crée des distorsions puisque seulement une partie de la population sera véritablement mis à contribution, toujours les mêmes généralement. Faites les coupes là où il y a eu tant de dérives, comme dans la fonction publique (au hasard, hein !). Commencez par mettre 3 jours de carence pour ils arrêtent de ruiner la sécu et dégraissez le « mammouth », elles sont là les économies justes. Sans courage politique, tout le monde souffrira.