Le serment d’Hippocrate : origines, évolution et pertinence aujourd’hui

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Le serment d’Hippocrate est un texte fondateur pour la profession médicale, qui remonte à l’Antiquité grecque.

Il énonce des principes éthiques et déontologiques auxquels les médecins sont censés se conformer dans l’exercice de leur métier.

Malgré son ancienneté, ce serment continue de fasciner et d’interpeller tant par son contenu que par sa dimension symbolique. Qu’est-ce que le serment d’Hippocrate ?

Quelles sont ses origines et comment a-t-il évolué au fil du temps ?

Quelle est sa pertinence aujourd’hui dans un monde médical en constante évolution ?

Cet article se propose d’explorer ces questions en détail pour mieux cerner l’importance et la portée du serment d’Hippocrate dans l’histoire de la médecine et au-delà.

Origines et contenu du serment d’Hippocrate

Avant de se pencher sur les différents aspects du serment d’Hippocrate, il est essentiel de revenir sur ses origines et d’en examiner le contenu.

Hippocrate, né au Ve siècle avant J.-C. sur l’île de Cos en Grèce, est considéré comme le père de la médecine occidentale. Il est à l’origine de la fameuse École d’Hippocrate, qui a développé un corpus médical reposant sur des observations cliniques et des raisonnements logiques, en rupture avec les conceptions surnaturelles et religieuses de l’époque. Parmi les nombreux écrits attribués à Hippocrate et à ses disciples, le serment qui porte son nom occupe une place centrale.

Le serment d’Hippocrate est un texte d’environ 300 mots qui se présente sous la forme d’une prière solennelle adressée aux dieux grecs. Il comporte plusieurs engagements éthiques et déontologiques que le futur médecin s’engage à respecter tout au long de sa carrière. Parmi ces engagements, on peut citer :

  1. Le respect de la vie humaine et le souci de ne pas nuire au patient (primum non nocere)
  2. Le respect du secret médical et de la confidentialité des informations relatives aux patients
  3. L’interdiction de l’euthanasie et de l’avortement
  4. Le refus de pratiquer des actes chirurgicaux, réservés à une autre catégorie de praticiens (les chirurgiens)
  5. La loyauté envers les maîtres et les confrères
  6. La transmission du savoir médical aux générations futures

Il convient de souligner que le serment d’Hippocrate, dans sa version originale, est profondément ancré dans le contexte religieux et culturel de la Grèce antique, ce qui explique la présence de certaines dispositions aujourd’hui considérées comme obsolètes ou contestables.

Évolution et adaptations du serment d’Hippocrate

Depuis sa rédaction au Ve siècle avant J.-C., le serment d’Hippocrate a connu de nombreuses évolutions et adaptations en fonction des contextes historiques et culturels.

L’une des premières transformations du serment d’Hippocrate est intervenue à l’époque romaine, où le texte a été traduit en latin et réinterprété à la lumière des conceptions médicales et philosophiques romaines. Ainsi, certains passages faisant référence aux dieux grecs ont été modifiés pour tenir compte du panthéon romain, tandis que d’autres dispositions, comme l’interdiction de l’avortement, ont été assouplies en fonction des pratiques et des valeurs en vigueur dans la société romaine.

Au Moyen Âge, le serment d’Hippocrate a été intégré au corpus médical des universités européennes et a fait l’objet de commentaires et d’explications par de nombreux auteurs médiévaux. Les dispositions du serment ont été progressivement adaptées aux valeurs chrétiennes, notamment en ce qui concerne les questions de la vie et de la mort, du secret médical et de la charité envers les patients.

  • À la Renaissance, le serment d’Hippocrate a été redécouvert et réhabilité par les humanistes, qui ont cherché à revenir aux sources grecques de la médecine et à purifier le texte des ajouts et altérations médiévales. Cette redécouverte a conduit à une nouvelle vague d’adaptations et de réinterprétations du serment, en fonction des courants philosophiques, scientifiques et religieux de l’époque.
  • À l’époque moderne, le serment d’Hippocrate a été critiqué pour son caractère obsolète et dogmatique, notamment en ce qui concerne l’interdiction de l’euthanasie, de l’avortement et de la chirurgie. Certains médecins ont alors proposé des versions révisées du serment, prenant en compte les avancées médicales et les valeurs éthiques contemporaines.
  • Au XXe siècle, le serment d’Hippocrate a été profondément remanié pour répondre aux défis posés par la médecine moderne, comme la question des droits des patients, de la bioéthique et de la responsabilité sociale des médecins. Plusieurs pays, dont la France, ont adopté des versions actualisées du serment, qui tiennent compte des enjeux éthiques et déontologiques propres à notre époque.

Ainsi, le serment d’Hippocrate a traversé les siècles et les civilisations en se transformant et en s’adaptant aux différents contextes sociaux, culturels et scientifiques, tout en conservant son caractère solennel et symbolique.

Pertinence et portée du serment d’Hippocrate dans le monde médical moderne

En dépit des nombreuses évolutions qu’il a connues, le serment d’Hippocrate continue de jouer un rôle significatif dans la formation et la pratique médicales contemporaines. Plusieurs raisons expliquent cette pérennité et cette pertinence.

Tout d’abord, le serment d’Hippocrate constitue un symbole fort pour les médecins et les étudiants en médecine, qui y voient une expression de l’engagement éthique et déontologique qui doit guider leur pratique professionnelle. En prononçant ce serment, souvent lors d’une cérémonie solennelle marquant la fin de leurs études, les futurs médecins s’inscrivent dans une tradition plurimillénaire et se reconnaissent comme les héritiers d’Hippocrate et de ses disciples.

Ensuite, le serment d’Hippocrate, même dans ses versions actualisées, continue de véhiculer des principes éthiques fondamentaux qui restent d’actualité et auxquels les médecins peuvent se référer pour orienter leurs choix et leurs actions. Parmi ces principes, on peut citer le respect de la vie humaine, le souci de ne pas nuire au patient, le respect du secret médical, la loyauté envers les confrères et la transmission du savoir. Ces valeurs sont d’autant plus importantes dans un contexte de progrès scientifiques et technologiques rapides, qui soulèvent de nouvelles questions éthiques et déontologiques pour les médecins.

Enfin, le serment d’Hippocrate permet de rappeler l’importance de la dimension humaine de la médecine, qui pourrait être menacée par la technicisation et la marchandisation croissantes du monde médical. En mettant l’accent sur des valeurs telles que la bienveillance, l’écoute, la compassion et la solidarité, le serment d’Hippocrate invite les médecins à ne pas perdre de vue que leur mission première est de soulager la souffrance et de préserver la santé et la dignité de leurs patients.

Le serment d’Hippocrate, malgré son ancienneté et les controverses qu’il suscite, demeure un texte emblématique et pertinent pour les médecins et les étudiants en médecine, ainsi que pour la société dans son ensemble. Il témoigne de la continuité et de l’évolution de la pensée médicale depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, et souligne l’importance des valeurs éthiques et déontologiques qui doivent guider la pratique médicale. Bien que certaines de ses dispositions aient été modifiées ou abandonnées au fil du temps, le serment d’Hippocrate reste une source d’inspiration et de réflexion pour les médecins et les chercheurs qui s’interrogent sur les enjeux éthiques et sociaux de leur métier.

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