Ce fruit d’antan fait son grand retour, et il a tout pour plaire

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Le coing, fruit rustique aux allures de pomme ou de poire difforme, fait un retour remarqué dans nos assiettes et nos jardins.

Longtemps relégué aux confitures de grand-mères, ce fruit doré et parfumé séduit aujourd’hui une nouvelle génération à la recherche d’authenticité et de saveurs d’antan.

Sa culture facile et sa conservation exceptionnelle en font un allié précieux à l’heure où nous cherchons à consommer plus local et de saison.

Le coing : portrait d’un fruit méconnu aux multiples atouts

Le coing (Cydonia oblonga) appartient à la famille des Rosacées, comme les pommes et les poires. Ce fruit à pépins se distingue par sa peau duveteuse jaune doré à maturité et sa chair ferme et acide. Originaire du Caucase et d’Asie Mineure, il était déjà cultivé il y a plus de 4000 ans et fut introduit en Europe par les Grecs puis les Romains.

Contrairement à ses cousins plus populaires, le coing ne se consomme pas cru en raison de son astringence et de sa chair très ferme. C’est après cuisson qu’il révèle tous ses arômes, entre pomme et poire, avec des notes florales qui lui sont propres.

Des qualités nutritionnelles remarquables

Le coing n’est pas seulement savoureux, il possède d’excellentes propriétés nutritionnelles :

  • Riche en fibres (environ 6g pour 100g), favorisant le transit intestinal
  • Source importante de vitamine C (15mg/100g)
  • Contient des pectines, fibres solubles aux propriétés gélifiantes naturelles
  • Apporte des minéraux essentiels : potassium, cuivre, fer
  • Faible en calories (57 kcal/100g)

Ces caractéristiques en font un allié santé non négligeable, utilisé traditionnellement pour ses vertus digestives et anti-inflammatoires.

Un arbre fruitier facile à cultiver dans son jardin

Le cognassier est l’un des arbres fruitiers les plus simples à cultiver, même pour les jardiniers débutants. Rustique et peu exigeant, il s’adapte à la plupart des sols et climats français.

Plantation et entretien minimal

Pour réussir la culture du cognassier, quelques principes de base suffisent :

  • Plantation idéale en automne ou fin d’hiver, dans un emplacement ensoleillé
  • Sol de préférence profond et légèrement acide, bien que le cognassier s’adapte à presque tous les terrains
  • Arrosage régulier les premières années, puis uniquement en période de sécheresse
  • Taille légère pour aérer l’arbre, bien plus simple que celle du pommier ou du poirier
  • Peu sensible aux maladies, hormis le feu bactérien (à surveiller)

Marie Dupont, pépiniériste spécialisée dans les arbres fruitiers anciens en Normandie, confirme cet engouement : « Depuis trois ans, les ventes de cognassiers ont augmenté de 40% dans notre pépinière. Les gens redécouvrent ce fruit oublié et apprécient particulièrement sa facilité de culture. »

Des variétés adaptées à tous les jardins

Même les petits espaces peuvent accueillir un cognassier, grâce à des variétés adaptées :

VariétéCaractéristiquesTaille adulte
ChampionFruits volumineux, chair tendre, productif4-5 mètres
Géant de VranjaTrès gros fruits en forme de poire, parfumés5-6 mètres
PortugalFruits moyens, chair parfumée, résistant4-5 mètres
ConstantinopleFruits ronds, chair douce, idéal pour pâtes de fruits3-4 mètres
Cognassier du JaponPlus ornemental, petits fruits, idéal pour balcon1-2 mètres

Le cognassier commence à produire dès sa 3ème ou 4ème année, avec une récolte qui s’étale d’octobre à novembre selon les régions et les variétés.

Un champion de la conservation naturelle

À l’heure où l’on cherche à réduire le gaspillage alimentaire, le coing s’impose comme un modèle de conservation naturelle. C’est l’un des rares fruits qui se bonifie après la récolte et peut se conserver plusieurs mois sans traitement particulier.

Des techniques de conservation simples et efficaces

Pour profiter des coings tout l’hiver, plusieurs méthodes s’offrent à vous :

  1. Conservation à température ambiante : dans une pièce fraîche (10-15°C), sèche et aérée, disposés sur un lit de paille sans qu’ils se touchent, les coings peuvent se conserver 2 à 3 mois.
  2. Conservation au réfrigérateur : placés dans le bac à légumes, ils se conservent jusqu’à 4 mois.
  3. Transformation : gelées, pâtes de fruits, compotes ou fruits confits permettent de profiter des coings toute l’année.

Jean Martin, arboriculteur bio dans le Lot-et-Garonne, témoigne : « Le coing est extraordinaire. Je récolte fin octobre et peux encore en vendre au marché de février, sans chambre froide ni traitement. Aucun autre fruit ne permet cela naturellement. »

La renaissance culinaire du coing : bien plus que de la gelée

Si la gelée ou la pâte de coing restent les préparations les plus connues, ce fruit connaît aujourd’hui une véritable renaissance culinaire, porté par des chefs et des amateurs de gastronomie en quête de saveurs authentiques.

Des recettes traditionnelles revisitées

Le coing s’invite désormais dans des préparations variées :

  • En accompagnement de viandes : le coing se marie parfaitement avec le porc, le canard ou le gibier en chutney ou en compote épicée
  • Dans les desserts : tartes, crumbles, clafoutis où sa texture ferme résiste bien à la cuisson
  • En boissons : sirops, liqueurs ou même vin de coing
  • En version salée-sucrée : tajines, couscous ou currys où son acidité équilibre les plats

Sophie Durand, cheffe du restaurant « Aux Saveurs d’Antan » à Lyon, explique : « Le coing apporte une complexité aromatique incomparable. Je l’utilise toute l’année, confit dans le sirop pour mes desserts d’été ou rôti avec un magret en hiver. Mes clients sont souvent surpris de redécouvrir ce fruit qu’ils associaient uniquement aux confitures de leur enfance. »

La recette de la pâte de coing maison

Voici une recette simple pour réaliser la traditionnelle pâte de coing :

  1. Lavez 1kg de coings et essuyez leur duvet
  2. Coupez-les en quartiers sans les peler ni les épépiner
  3. Couvrez-les d’eau dans une casserole et faites cuire à feu doux 45 minutes
  4. Passez le tout au moulin à légumes (grille fine)
  5. Pesez la pulpe obtenue et ajoutez le même poids en sucre
  6. Faites cuire ce mélange à feu doux en remuant constamment jusqu’à ce que la pâte se détache des parois
  7. Versez dans un moule et laissez sécher plusieurs jours avant de découper

Cette préparation se conserve plusieurs mois et constitue un excellent cadeau gourmand fait maison.

Un fruit au cœur des traditions régionales françaises

Le coing est profondément ancré dans certaines traditions régionales françaises, où il fait partie intégrante du patrimoine culinaire :

  • Le cotignac de Tours : spécialité de gelée de coing présentée dans de petites boîtes rondes en bois, offerte traditionnellement aux reines de France lors de leur passage dans la ville
  • Le pâté de coing d’Auvergne : pâte de fruits servie à Noël avec le fromage
  • Le coing confit provençal : intégré aux 13 desserts du Noël provençal
  • La liqueur de coing alsacienne : digestif traditionnel

Ces préparations traditionnelles connaissent un regain d’intérêt, portées par la tendance du retour aux racines culinaires et aux produits authentiques.

Un atout pour la biodiversité du jardin

Au-delà de ses qualités gustatives et de sa facilité de culture, le cognassier présente des avantages écologiques non négligeables :

  • Sa floraison printanière, abondante et mellifère, attire les pollinisateurs
  • Son système racinaire profond le rend résistant aux sécheresses
  • Il nécessite peu ou pas de traitements, idéal pour un jardin bio
  • Sa longévité (plus de 50 ans) en fait un investissement durable

Pierre Lambert, ingénieur agronome spécialiste en agroforesterie, souligne : « Le cognassier est un excellent arbre pour diversifier les vergers. Sa résistance naturelle aux maladies et sa floraison tardive, qui échappe souvent aux gelées printanières, en font un allié précieux face au changement climatique. »

Où trouver des coings aujourd’hui ?

Si vous ne disposez pas d’un jardin pour planter votre propre cognassier, plusieurs options s’offrent à vous pour vous procurer ce fruit :

  • Marchés fermiers et AMAP : de septembre à décembre
  • Magasins bio : de plus en plus présent dans les rayons fruits
  • Cueillette à la ferme : certains producteurs proposent cette formule
  • Réseaux d’échange entre particuliers : les propriétaires de cognassiers ont souvent des surplus

Le prix reste abordable, généralement entre 2 et 4 euros le kilo selon les circuits de distribution, un tarif stable depuis plusieurs années malgré l’augmentation de la demande.

Le coing, ce fruit d’antan longtemps oublié, revient donc en force dans nos jardins et nos cuisines. Sa culture facile, sa conservation exceptionnelle et ses multiples usages culinaires en font un candidat idéal pour qui souhaite renouer avec une alimentation locale, de saison et pleine de saveurs authentiques. À l’heure où nous cherchons à retrouver du sens dans notre rapport à l’alimentation, le coing nous rappelle que parfois, les trésors les plus précieux sont ceux que nous avions simplement oubliés.

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